L’académie était immense, je m’y perdais dans tous ces couloirs sans fin. J’avais été acceptée comme élève la veille et je devais me retenir pour ne pas courir en hurlant ma joie: enfin je sortais de la misère et des brimades du rukongai. Cependant, une chose m’étonnait: je n’avais encore croisé personne, étais-je en retard ? Je n’avais rien entendu de significatif pourtant, je me dépêchais, dans le doute, mieux valait être prudente. Au détour d’un corridor, j’aperçu enfin l’objet de mon attention, une porte massive en bois vernis portant l’inscription COURS THEORIQUE en lettres majuscules lamée or. Je faillis pleurer de joie lorsqu’en entrant dans la salle je vis une foule d’étudiants qui, comme moi avaient chercher à en perdre la raison cette salle improbable et reculée de l’école.
La salle était somme toute très ordinaire, une estrade pour que le professeur puisse surveiller et empêcher le chahut, les places étaient disposées en demi cercle et séparée de la longueur d’une table chacune pour éviter tout bavardage. L’ambiance promettait d’être studieuse, toutes les mesures avaient été prises pour que la communication entre apprentis soit définitivement enrayée. De plus, même si elle était possible, il suffisait de regarder une minute les quelques trente personnes présentes pour s’apercevoir que, de toute façon, l’amitié n’était pas de mise ici. La lettre ou du moins ce qui ressemblait le plus à une convocation faisait clairement allusion au fait que les meilleurs élèves obtiendraient les postes les plus intéressants. Le shinigami en devenir devait donc se classer au dessus des autres pour obtenir le poste souhaité.
Je soupirais, cette atmosphère ne me rappelait que trop de mauvais souvenir. A trop se tirer dans les pattes on se retrouve seul, isolé, et c’est à ce moment là que tout est fini, les plus intelligents seront ceux qui formeront un groupe malgré tout pour parvenir à leurs fins. Ma vie de morte ressemblait étrangement à celle que j’avais survolée dans le monde des humains, c’en était effrayant. Pas assez cependant pour me faire rebrousser chemin, si j’avais du faire demi tour à chaque fois qu’un obstacle se dressait, je ne serais pas là aujourd’hui. D’un pas décidé je m’avançais vers les tables et m’assis au premier rang sous l’œil haineux de mes « camarades de classe », bien décidée à montrer ce que j’avais dans le ventre.
- Bonjour à tous, asseyez vous !
Un raclement de chaise collectif se fit entendre, le professeur balaya la salle, soupira imperceptiblement et commença son cours. Il fallait, avant de mettre en pratique, que nous obtenions un minimum de connaissances nous permettant de créer une entrave, pour un shinigami débutant, le principal étant d’aider ses allier plus expérimentés sans toutefois les gêner dans leur tache. La première technique, SAI, était parfaite pour cela. Une attaque à distance permettant de stopper, ou du moins de ralentir considérablement l’attaque de l’adversaire. J’entendis derrière moi des murmures de désapprobation, ces messieurs souhaitant apprendre des techniques destructrices dès le premier cours. Pour ma part, ce sort suivait assez bien ce que j’avais toujours fait, je saurais en tirer avantage.
Nous prîmes nos livres à la première page, chaque page correspondant à un sort, et avions pour tâche de comprendre la technique. Cela me sembla tout d’abord obscur mais, au fil de ma lecture, j’entrevis le potentiel d’action. De plus en pus enthousiaste, j’appelais le professeur en charge pour l’attaquer de mille questions, auxquelles il répondit avec patience. La cloche que je n’avais pas entendue en début de cours sonna et la salle se vida rapidement, je sortis à mon tour après avoir souhaité une bonne journée au professeur. Pour moi, cette apprentissage s’annonçait incroyablement intéressant.